La Princesse de Clèves

« Après avoir perdu son mari, elle avait passé plusieurs années sans revenir à la cour. Pendant cette absence, elle avait donné ses soins à l’éducation de sa fille ; mais elle ne travailla pas seulement à cultiver son esprit et sa beauté ; elle songea aussi à lui donner de la vertu et à la lui rendre aimable. La plupart des mères s’imaginent qu’il suffit de ne parler jamais de galanterie devant les jeunes personnes pour les en éloigner. Madame de Chartres avait une opinion opposée ; elle faisait souvent à sa fille des peintures de l’amour ; elle lui montrait ce qu’il a d’agréable pour la persuader plus aisément sur ce qu’elle lui en apprenait de dangereux ; elle lui contait le peu de sincérité des hommes, leurs tromperies et leur infidélité, les malheurs domestiques où plongent les engagements ; et elle lui faisait voir, d’un autre côté, quelle tranquillité suivait la vie d’une honnête femme, et combien la vertu donnait d’éclat et d’élévation à une personne qui avait de la beauté et de la naissance. Mais elle lui faisait voir aussi combien il était difficile de conserver cette vertu, que par une extrême défiance de soi-même, et par un grand soin de s’attacher à ce qui seul peut faire le bonheur d’une femme, qui est d’aimer son mari et d’en être aimée. »

54 Minutes

« – Le deuil est un trou béant, pas vrai ? dis-je doucement.

Je ne sais même pas s’il m’entend, mais ces paroles sont autant pour moi que pour lui.

– Il est partout, il consume tout. Certains jours, tu crois ne plus pouvoir continuer parce que le désespoir est la seule chose qui t’attend. Certains jours, tu ne veux pas continuer parce qu’il est plus facile d’abandonner que d’être à nouveau blessé. »

Moon Brothers

« Alors donc,
faites tout ce que vous voulez, même si
on essaie de verrouiller votre porte d’entrée.
Soyez courageux,
Ouvrez la porte du jardin à minuit,
laissez entrer les bruits, ou les démons,
je sais pas, moi, courez, échappez-vous si nécessaire,
si c’est la seule chose à faire
pour pouvoir vivre. Et si quelqu’un tente de vous arrêter,
dites lui que votre vie c’est la seule chose
que vous puissiez sauver. »

Les Choses Humaines

« Comment basculait-on? Ce qui s’exprimait dans les salles d’un tribunal, c’était le récit d’existences saccagées, c’était la violence, les blessures d’humiliation, la honte d’être à la mauvaise place, d’avoir cédé aux déterminismes, au désir, à l’orgueil; d’avoir commis une faute, une erreur de jugement; d’avoir été léger, cupide, manipulé,manipulable, impuissant, inconstant, injuste, d’avoir trop aimé le sexe, l’argent, les femmes, l’alcool, les drogues; d’avoir souffert ou fait souffrir; d’avoir fait confiance, par aveuglement/amour/faiblesse; la honte d’avoir été violent, égoïste,d’avoir volé/violé/tué/trahi; de s’être trouvé au mauvais endroit, au mauvais moment, de payer pour son enfance, les erreurs de ses parents, les abus des hommes, leur propre folie, la honte de dévoiler sa vie, son intimité, livrée sans condition à des inconnus; de raconter la peur qui les intoxiquait, comme une seconde peau urticante, une perfusion venimeuse; la honte d’avoir gâché chacune de ses chances avec application. »

Vox

« Réfléchissez. Réfléchissez à ce qui vous arrivera, et à ce qui arrivera à vos filles, lorsque les lois nous feront remonter le temps. Réfléchissez aux expressions comme « autorisation du conjoint » ou « consentement paternel ». Réfléchissez au moment où vous vous réveillerez, un beau matin, en constatant que vous n’avez plus voix au chapitre. »