« Le Yin est noir, le Yang est blanc, explique-t-il en détaillant le croquis. Le Yin et le yang sont aussi différents que la nuit et le jour, le vide et plein, le froid et le chaud…le mal et le bien. Pourtant, regardez : il y a un point blanc dans la partie noire, et un point noir dans la partie blanche. Parce que rien n’est jamais tout noir, ni tout blanc. Parce que personne n’est jamais entièrement mauvais, ni entièrement bon. »
Bons livres/Appréciés
Songe à la douceur
« Elles ont cette douce disgrâce des choses qu’on trouvait belles avant, cette saveur aigrelette des choses que l’on regrette quelques années plus tard.
Ces grands serments, ces gigantesque promesses, ces phrases folles, ces métaphores qui nous font après coup crisser des dents, ces monstrueuses hyperboles, ces anaphores ridicules, et qui pourtant alors nous paraissaient si vraies, si belles, que nous pensions nous être coulé en elles jusqu’à n’avoir plus de corps que les courbes de leurs majuscules, et d’autre réalité que les murmures, et que les mouvements des lèvres, de celui ou celle
à qui elles étaient destinées et qui les lisait quelque part roulant sur sa langue nos « r » et faisant frissonner nos « f »…
Il nous semblait alors que nous n’étions rien de plus et rien de moins que ce souffle chaud : la sculpture de nos mots ouvragée par ces lèvres. »
Zalim- Tome 2
« Une fois encore, elle se rendait compte que ses conversations secrètes avec Zalim lui avaient manqué. Elle ne comprenait pas vraiment cet attachement étrange qui se nouait entre eux. Quand elle pensait au démon, autrefois, elle ne ressentait que répulsion pour cette créature sanguinaire, responsable de la mort de sa mère. Mais à présent, elle ne pouvait nier le lien qui se tissait. C’était comme si elle avait besoin de lui, de sa présence, de sa chaleur, de sa force… et de ses mots… »
Zalim- tome 1
« Une fois le processus achevé, il ouvrit ses yeux de monstre sur le jour nouveau qui brillait, lavé par l’averse et le vent. Le ciel était étincelant, le fjord scintillait en retour, les oiseaux accueillaient la lumière avec joie et innocence. Avant de rendre son corps à son hôte, il murmura d’une voix qui semblait n’être que le roulement du tonnerre, le grondement de la terre :
– Bonjour le monde. Tremblez de peur, car Zalim est de retour… »
L’éventail de Lady Windermere
« DUMBY : Bonsoir, Lady Stutfield. Je présume que ce sera le dernier bal de la saison.
LADY STUTFIELD : Je le présume, Mr Dumby. La saison fut exquise, n’est-ce pas ?
DUMBY : Tout à fait exquise ! Bonsoir, duchesse. Je présume que ce sera le dernier bal de la saison.
LA DUCHESSE DE BERWICK : Je le présume, Mr Dumby. La saison fut bien ennuyeuse, n’est-ce pas ?
DUMBY : Affreusement ennuyeuse ! Affreusement ennuyeuse !
MRS COWPER-COWPER : Bonsoir, Mr Dumby. Je présume que ce sera le dernier bal de la saison ?
DUMBY : Oh, je ne le crois pas. Il y en aura probablement deux de plus. »
Eleanor & Park
« Waouh, qu’est ce qu’elle a aujourd’hui ? On dirait qu’elle vient de trucider quelqu’un juste pour le plaisir.
Park s’est retourné d’un coup. Eleanor. Elle lui souriait.
Elle avait un sourire de pub pour dentifrice, le genre où on voit pratiquement toutes les dents. Elle devrait sourire comme ça tout le temps, se dit Park ; son visage était passé de bizarre à beau. Il avait envie de la faire sourire comme ça tout le temps.
M. Stessman a fait semblant de se prendre le tableau en entrant.
– Juste ciel, Eleanor, arrêtez. Vous m’aveuglez. Est-ce la raison pour laquelle vous gardez votre sourire pour vous, parce ce qu’il est trop radieux pour nous, pauvres hommes ? »
