Paul et Virginie

“J’aime bien ma mère, j’aime bien la tienne; mais quand elles t’appellent mon fils, je les aime encore davantage. Les caresses qu’elles te font, me sont plus sensibles que celles que j’en reçois. Tu me demandes pourquoi tu m’aimes; mais tout ce qui a été élevé ensemble, s’aime. Vois nos oiseaux; élevés dans les mêmes nids, ils s’aiment comme nous, ils sont toujours ensemble comme nous.”

Le Malade Imaginaire

« BÉRALDE.- Vous voulez bien, mon frère, que je vous demande avant toute chose, de ne vous point échauffer l’esprit dans notre conversation.
ARGAN.- Voilà qui est fait.
BÉRALDE.- De répondre sans nulle aigreur aux choses que je pourrai vous dire.
ARGAN.- Oui.
BÉRALDE.- Et de raisonner ensemble sur les affaires dont nous avons à parler, avec un esprit détaché de toute passion.
ARGAN.- Mon Dieu oui. Voilà bien du préambule.
BÉRALDE.- D’où vient, mon frère, qu’ayant le bien que vous avez, et n’ayant d’enfants qu’une fille ; car je ne compte pas la petite : d’où vient, dis-je, que vous parlez de la mettre dans un couvent ?
ARGAN.- D’où vient, mon frère, que je suis maître dans ma famille, pour faire ce que bon me semble ?
BÉRALDE.- Votre femme ne manque pas de vous conseiller de vous défaire ainsi de vos deux filles, et je ne doute point, que par un esprit de charité elle ne fût ravie de les voir toutes deux bonnes religieuses. »

Les Chroniques de Bridgerton 1 & 2

« On ne vous a jamais dit que vous étiez une exaspérante jeune personne, miss Bridgerton ?
— La plupart des gens me trouvent bienveillante et généreuse.
— La plupart des gens sont des imbéciles, rétorqua Simon.
Elle pencha la tête de côté, comme pour peser ces paroles. Puis elle posa son regard vers Nigel et laissa échapper un soupir las.
— C’est terrible, mais j’ai bien peur d’être d’accord avec vous.
Simon réprima un sourire.
— Qu’est-ce qui est terrible ? Le fait d’être d’accord avec moi, ou celui de constater que la plupart des gens sont des imbéciles ?
— Les deux… dit-elle en lui décochant un sourire lumineux.
Lorsqu’elle le regardait ainsi, il perdait le fil de ses idées.
— … mais surtout le premier, précisa-t-elle. »

Les liaisons Dangereuses

« Lettre CLIII : Le Vicomte de Valmont à la Marquise de Merteuil.

Je réponds sur-le-champ à votre Lettre, et je tâcherai d’être clair ; ce qui n’est pas facile avec vous, quand une fois vous avez pris le parti de ne pas entendre.
De longs discours n’étaient pas nécessaires pour établir que chacun de nous ayant en main tout ce qu’il faut pour perdre l’autre, nous avons un égal intérêt à nous ménager mutuellement : aussi, ce n’est pas de cela dont il s’agit. Mais encore entre le parti violent de se perdre, et celui, sans doute meilleur, de rester unis comme nous l’avons été, de le devenir davantage encore en reprenant notre première liaison, entre ces deux partis, dis-je, il y en a mille autres à prendre. Il n’était donc pas ridicule de vous dire, et il ne l’est pas de vous répéter que, de ce jour même, je serai ou votre Amant ou votre ennemi. »

Les collisions

« L’humain devrait se soucier de ce qui est véritablement important.
– Genre?
– Le fait qu’on soit une calamité. Et ça va bien au-delà de notre système. Espèce douée d’intelligence… Tu parles! Faut voir ce qu’on en fait de notre gros cerveau : on sait aller sur la lune et on a le matériel pour faire sauter la planète en quelques secondes, mais la moitié de la population crève de faim et on ne peut toujours pas soigner le cancer. L’humain, c’est de la grosse saloperie. »