« Je ne sais pas comment on peut passer de l’amour fou à plus rien. Je ne sais pas comment on peut dire : je veux passer ma vie avec toi, et tout arrêter brusquement. »
Amour
Songe à la douceur
« Elles ont cette douce disgrâce des choses qu’on trouvait belles avant, cette saveur aigrelette des choses que l’on regrette quelques années plus tard.
Ces grands serments, ces gigantesque promesses, ces phrases folles, ces métaphores qui nous font après coup crisser des dents, ces monstrueuses hyperboles, ces anaphores ridicules, et qui pourtant alors nous paraissaient si vraies, si belles, que nous pensions nous être coulé en elles jusqu’à n’avoir plus de corps que les courbes de leurs majuscules, et d’autre réalité que les murmures, et que les mouvements des lèvres, de celui ou celle
à qui elles étaient destinées et qui les lisait quelque part roulant sur sa langue nos « r » et faisant frissonner nos « f »…
Il nous semblait alors que nous n’étions rien de plus et rien de moins que ce souffle chaud : la sculpture de nos mots ouvragée par ces lèvres. »
La Chronique des Bridgerton 3 & 4
« -Quant à vous, reprit cette dernière à l’adresse de Benedict, attendez-moi en bas. Il faut que nous ayons une petite conversation, vous et moi.
– Je tremble de peur, fit Benedict, feignant l’effroi.
– De lui ou de son frère, je ne sais lequel me tuera le premier, gémit lady Bridgerton.
– Quel frère?
– Chacun. Tous. Les quatre. Ce ne sont que des voyous. »
Frankly in love
« – Bien, mes petits poulets, je suis censé vous coller un contrôle, dit M. Soft. Un ordre des crânes d’œuf de l’administration. Quelles questions voulez-vous que je mette ?
Nous réfléchissons. Il est trop tôt !
– Vous m’enverrez ça par mail, d’accord ? De toutes façons, vous aurez tous la note maximale. Je déteste ces notations à la con. »
Eleanor & Park
« Waouh, qu’est ce qu’elle a aujourd’hui ? On dirait qu’elle vient de trucider quelqu’un juste pour le plaisir.
Park s’est retourné d’un coup. Eleanor. Elle lui souriait.
Elle avait un sourire de pub pour dentifrice, le genre où on voit pratiquement toutes les dents. Elle devrait sourire comme ça tout le temps, se dit Park ; son visage était passé de bizarre à beau. Il avait envie de la faire sourire comme ça tout le temps.
M. Stessman a fait semblant de se prendre le tableau en entrant.
– Juste ciel, Eleanor, arrêtez. Vous m’aveuglez. Est-ce la raison pour laquelle vous gardez votre sourire pour vous, parce ce qu’il est trop radieux pour nous, pauvres hommes ? »
La Princesse de Clèves
« Après avoir perdu son mari, elle avait passé plusieurs années sans revenir à la cour. Pendant cette absence, elle avait donné ses soins à l’éducation de sa fille ; mais elle ne travailla pas seulement à cultiver son esprit et sa beauté ; elle songea aussi à lui donner de la vertu et à la lui rendre aimable. La plupart des mères s’imaginent qu’il suffit de ne parler jamais de galanterie devant les jeunes personnes pour les en éloigner. Madame de Chartres avait une opinion opposée ; elle faisait souvent à sa fille des peintures de l’amour ; elle lui montrait ce qu’il a d’agréable pour la persuader plus aisément sur ce qu’elle lui en apprenait de dangereux ; elle lui contait le peu de sincérité des hommes, leurs tromperies et leur infidélité, les malheurs domestiques où plongent les engagements ; et elle lui faisait voir, d’un autre côté, quelle tranquillité suivait la vie d’une honnête femme, et combien la vertu donnait d’éclat et d’élévation à une personne qui avait de la beauté et de la naissance. Mais elle lui faisait voir aussi combien il était difficile de conserver cette vertu, que par une extrême défiance de soi-même, et par un grand soin de s’attacher à ce qui seul peut faire le bonheur d’une femme, qui est d’aimer son mari et d’en être aimée. »
