Meurtre mode d’emploi-tome 2

« On pense tous être capable de reconnaître un tueur en l’entendant parler.

On pense que ses mensonges auront un timbre différent, une dissonance a peine perceptible. Une voix qui s’épaissit, qui sonne faux, inégale, tandis que la vérité s’échappe entre les failles. On pense tous ça, non ? Pourtant, le moment venu, Pip n’avait rien deviné. « 

Meurtre mode d’emploi-tome 1

« 80% des personnes disparues sont retrouvées dans les premières vingt-quatre heures. 97% dans la première semaine. 99% des cas sont résolus au cours de la première année. Ça ne laisse plus que 1%.
1% des personnes qui disparaissent ne sont jamais retrouvées. Mais il y a un autre chiffre à prendre en compte : seuls 0, 25 de toutes ces affaires de disparition ont une issue fatale.

Où se situe Andie Bell , là-dedans? Quelque part entre 0,25 % et 1% , oscillant sans relâche par fractions infinitésimales. »

Jamais Plus

« On se ressemble », a-t-il dit. Là, je l’ai regardé dans les yeux. « Toi et moi ? » « Non, les plantes et les humains. Les plantes ont besoin d’amour pour survivre. Les humains aussi. Dès la naissance, on a besoin de l’amour de nos parents pour survivre. S’ils nous accordent assez d’attention, on devient de meilleurs humains. Mais s’ils nous négligent… » Il s’est interrompu, l’air triste, s’est essuyé les mains sur ses genoux comme pour en ôter les dernières traces de terre. « S’ils nous négligent, on se retrouve S.D.F. et incapable d’accomplir aucune action valable. » Ses paroles m’ont mis le cœur à l’envers. Je ne savais pas quoi répondre. Était-ce ainsi qu’il se voyait ? Il allait se relever quand j’ai prononcé son nom. Du coup, il s’est rassis dans l’herbe et je lui ai désigné la rangée d’arbres qui longeaient la clôture gauche du jardin. « Tu vois le plus haut de tous ? » Au milieu se dressait un chêne qui dominait les autres. « Il a poussé tout seul. La plupart des plantes ont besoin de beaucoup de soins pour survivre. Mais d’autres, comme les arbres, sont assez fortes pour ne se fier qu’à elles-mêmes. » Je ne savais pas trop s’il comprenait où je voulais en venir, mais il devait comprendre qu’il était assez fort pour survivre à tout ce qui avait pu lui arriver dans l’existence. Je ne le connaissais pas bien, mais je voyais qu’il était résistant. Infiniment plus que je ne le serais sans doute à sa place. Il ne quittait plus l’arbre des yeux, au point de ne plus cligner des paupières. Quand, enfin, il les a remuées, ça n’a été que très légèrement, avant de se remettre à considérer la pelouse. À la façon dont sa bouche se tordait, j’ai cru qu’il allait faire la grimace, et puis non, il a souri légèrement. »

Le soleil est pour toi

« Mais peut-être que chacun de nous contient plusieurs personnes, en réalité. Comme des strates supplémentaires qu’on se rajoute en permanence. Et qu’on intègre en soi chaque fois qu’on fait des choix, bons ou mauvais, qu’on rate quelque chose, qu’on progresse, qu’on perd la tête, qu’on retrouve ses esprits, qu’on se sépare, qu’on tombe amoureux, qu’on fait son deuil, qu’on grandit, qu’on se retire du monde, qu’on se jette dedans à corps perdu, qu’on fait des choses et qu’on en détruit. »